Paradis perdu

Il fut un temps où l’on pouvait s’acagnarder dans des jardins astrés et chamboler dans les allées. Dans chaque bosquet, chaque fourré, on gambillait, se brandillait. De beaux  hurlupés fanfreluchaient, galantisaient, capriçaient et coquetaient de belles déchevelées dont ils s’encoiffaient à la première joyeuseté partagée. Et chacun, tout émerillonné, de délicater, gourmander sa chacune à la venvole, dans une simplesse nonpareille, sans mômerie aucune. Et tous de contre-aimer, de conjouir sans décharmer comme ils avaient fantastiqué. Que de phantasmasies, que de blandices. Au moindre allèchement, au moindre vertigo, on se trouvait tout allouvi, tout affoli. Les femmes amusables, les hommes désirables, dans une délicieuse longerie, se gaudissaient à n’en plus finir. Pas de malvoulu, pas de désespérade, il ne m’en remembre point, l’amour était volage et la chose la mieux partagée.  Tout ébaudi de bavardises et de causages ragaillardi, corps assoté, corps assouvi, chacun s’en retournait dans sa chacunière jusqu’au lendemain où de nouvelles frioleries avec autre chéri l’attendaient sans que personne ne trouvât à redire. C’était au temps des souvenirs.